Comment naît la violence de la rue ?
Comment naît la violence de la rue ?
La violence de la rue, celle qui éclate lors des manifestations comme celles des Gilets-jaunes, est l’expression populaire parfois violente, d’agents sociaux qui ne voient pas se dessiner de solutions politiques à leurs difficultés et qui en arrivent à exprimer leur colère et leur peur de l’avenir dans des actes que la loi réprouve.
La violence est progressivement devenu un vecteur de communication privilégié entre le peuple et l’Etat. Ce canal direct vers l’Elysée a acquis ses lettres de noblesse par le constat selon lequel plus les manifestations sont violentes, plus l’oligarchie prend peur, plus celle-ci fait pression sur le pouvoir politique et plus vite les mesures impopulaires sont retirées. Autrement dit, en pratique, la violence est beaucoup plus efficace que les manifestations pacifiques. Ainsi, prenons l’exemple des manifestations contre la loi sur les retraites proposée par le gouvernement Macron ; à l’heure où j’écris ces lignes, celles-ci sont au nombre de 13 et une 14e journée de mobilisation est annoncée pour le 6 juin 2023. Si l’on fait le bilan, on ne peut que constater que 14 manifestations n’ont pas influé sur le résultat : la réforme des retraites est belle et bien promulguée. On doit admettre que face à un tel mur d’intransigeance, nombreux sont les citoyens et citoyennes qui en arrive à soutenir les black-blocs qui passent pour les plus intransigeants des militants anti-réforme des retraites comme un ultime recours.
Il est vrai que dans la mesure où l’Etat se passe des services du parlement en usant sans retenue du 49.3, la communication qui s’est établit est entre la rue et Emmanuel Macron, sans intermédiaire. Le mépris et la condescendance du président génère une violence à laquelle fait écho celle des manifestants qui envoient un message direct à Macron. Nous verrons si la manifestation du 6 juin sera en mesure de faire bouger les lignes.
Alan Kleden